Histoire des Yakuzas de l'ère Meiji à nos jours


Le statut et les activités des yakuza vont progressivement évoluer, en parallèle des bouleversements politiques et de la structure japonaise. L’entrée dans l’ère moderne, avec l’ère Meiji (1868) va symboliser le renouveau des yakuza, qui vont étendre leur pouvoir sur toute la société. Ils vont profiter du changement de politique pour tisser des liens avec le gouvernement et intensifier les activités des Tekiya, grâce à des couvertures légales (autorisées par les liens tissés avec le gouvernement en grande partie) qui leur assurent une totale légalité de la partie émergée de leurs activités. De plus, la pratique de recrutement va s’intensifier grandement, fournissant aux organisations de plus en plus de main d’œuvre permettant d’étendre leurs pouvoirs. Du fait de l’importance grandissante des Tekiya, les trafics s’intensifient, on assiste au développement du marché noir et du commerce du sexe.


À la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, les liens entre yakuza et politique vont encore s’accentuer, poussés par l’ouverture du pays vers l’occident. Les yakuza demeurant très attachés aux traditions, vont refuser tous contacts et actions bienveillantes à l’égard des Européens et des Américains. Ils organisent des actes terroristes visant des personnages politiques favorables à une ouverture du pays, deux premiers ministres et deux ministres des finances, entre autres, seront ainsi assassinés.

Dans les années1930, les yakuza bénéficient d’une grande liberté, grâce à leur rapprochement idéologique avec la droite ultranationaliste, très proche du pouvoir à l’époque.

Suite à la défaite lors de la Seconde Guerre Mondiale, les mafias étrangères essayèrent de s'installer au Japon, notamment la pègre coréenne et taïwanaise, et tentèrent de prendre le contrôle des marchés noirs. On appela ses nouveaux arrivants les Daisangokujin. Ils agrandirent rapidement leur territoire, car les forces de police avaient été affaiblies suite à un purge effectuée par les forces d’occupation. Cette situation fut un tremplin décisif pour l’organisation yakuza. Avec l’assentiment du pouvoir, elle fut utilisée afin de lutter contre ces mafias, et également comme briseuse de grève. Elle a aussi profité du fleurissement du marché noir dans un Japon ravagé par la guerre et privé de tout. Le pouvoir des yakuza va donc se faire double : d’un côté ils bénéficient dans l’ombre de l’appui des hommes politiques et de la police, et sont en plus nécessaires à la société d’après guerre, le marché noir restant le seul moyen de survie pour la majorité des Japonais. La mafia japonaise devient donc un des piliers du Japon, avec l'assentiment des forces d’occupations, qui voyaient en elle une « force régulatrice ».

L'après-guerre voit également l'apparition d'une nouvelle criminalité, en parallèle de la pègre traditionnelle datant d’avant-guerre, et ayant encore une partie de ses traditions. Naissant en pleine crise sociale, le groupe des Gurentai est constitué de membres plus jeunes, plus violents, c'est une criminalité moins organisée. Ils avaient pour spécialités le trafic d’amphétamines et la prostitution, ou la pornographie. Ce groupe est progressivement absorbé par des gangs plus importants, pour finalement former les grands familles qui sont encore aujourd'hui en place, comme les Yamaguchi-gumi, ou les Inagawa-kai.


Entre 1958 et 1963, les yakuza accroissent leurs effectifs de 150% pour atteindre son apogée un total d’environ 184 000 yakuza, répartis dans 126 gangs. L’organisation compte alors plus de membres que l’armée japonaise elle-même. Des clans se forment et des guerres éclatent basées sur le partage de territoire. Un homme du nom de Yoshio Kodama amènera la paix entre les gangs. C'est le « Al Capone » japonais, il souhaitait créer une alliance entre les différents gangs, pour n'en former qu'un seul et unique, tout puissant.


Cette situation est remise en cause à la fin des années 90 par le gouvernement japonais, qui fait voter une loi antigang le 1er mars 1992, et la loi anti-blanchiment en 1993, ayant pour but de faire disparaître les syndicats du crime. Le nombre des yakuza a fortement diminué, mais sans pour autant disparaître. Les effectifs sont aujourd'hui estimé à 87000 membres.

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