Les différentes activités lucratives


Une grande partie des activités actuelles des yakuza peut être reliée à leur origine féodale. Ce n'est pas une organisation secrète, les yakuza possèdent donc souvent un bureau bien visible, arborant le nom de leur clan ou leur emblème. Ces bureaux sont, légalement, des associations (dantai) le plus souvent vouées à « la poursuite de la voie chevaleresque ». Les membres ont un code vestimentaire bien spécifique (lunettes de soleil et costumes colorés), de façon à être facilement identifiables par les civils (katagi). Même la manière de marcher des yakuza est différente de celle des citoyens ordinaires, plus ample et « arrogante ».


Au contraire, ils peuvent être plus conventionnellement habillés, mais quand le besoin se fait sentir, ils peuvent mettre en valeur leurs tatouages, afin d'indiquer leur affiliation. Occasionnellement ils déambulent également avec des insignes sur leurs revers. Une famille yakuza a même imprimé un bulletin mensuel avec des détails sur les prisons, les mariages, les enterrements, les meurtres, et quelques poésies de leurs chefs.


Jusqu’à récemment, la majorité des revenus des proviennent de dîmes, prélevées sur les commerçants et les entreprises situées sur leur territoire. En échange de la protection et de la bienveillance des yakuza, ils versent une sorte « d’impôt féodal ». Plus de 41% des patrons de grandes entreprises japonaises affirment avoir été victimes de ce racket. Cette situation s'est maintenue, principalement à cause de l'hésitation des entreprises à aller demander l'aide de la police.

Les yakuza tirent également leur revenus grâce à une forme d'extorsion de fond typiquement japonaise, connue sous le nom de sōkaiya. C'est une forme de racket et de protection. Au lieu de harceler de petites entreprises, l'organisation vend ses services : elle se loue pour étouffer toute contestation dans les assemblées générales d'actionnaires. Pour cela, elle achète un petit nombre d’actions, obtenant ainsi le droit de siéger au conseil des actionnaires de la société. Les yakuza garantissent alors le wa, l’harmonie de l’assemblée, en effrayant l'actionnaire ordinaire par leur simple présence. Par exemple, en 1989, la banque Fuji, 3e banque japonaise, a été dénoncée pour avoir utilisé ce système, reversant plus de 200 millions de yens à des yakuza. Un prêt destiné officiellement à « financer des cimetières privés », mais qui n'a jamais été remboursé.

Ils s'engagent également dans le chantage simple, obtenant des informations incriminantes ou embarrassantes sur les pratiques d'une compagnie, ou d'un de ses dirigeants. Une fois que les yakuza ont mis un pied dans l’entreprise et assurés leurs gains, ils travailleront pour eux, évitant à la compagnie que des scandales ne deviennent publics, et seront payés en retour avec des pots de vin. Dans certaines entreprises, ces pots-de-vin sont même inclus dans le budget annuel annuel.

On dénombrait plus de 8 000 sôkaiya en 1982, jusqu'à ce qu’une loi soit votée contre eux. Aujourd’hui, leur nombre serait revenu à 1 500. Néanmoins, 80 % des entreprises qui ont un chiffre d'affaires supérieur à 1.000 milliards de yens admettent avoir encore des contacts avec eux, dont environ 40% leur verseraient encore des fonds, bien que cela soit considéré comme un délit.

La police japonaise est également peu disposée à interférer dans les problèmes internes de certaines communautés, comme dans les zones commerçantes, les écoles/universités, les quartiers d'activités nocturnes. Il ne fait aucun doute que, localement, des pactes tacites sont conclus entre police et yakuza, en vertu desquels les membres des clans échappent à toute arrestation dans les délits mineurs, comme ébriété sur la voie publique, petite bagarre ou casse légère. Dans ce sens, les yakuza sont encore considérés comme des organisations semi-légitimes. Par exemple, juste après le tremblement de terre de Kobe, le Yamaguchi-gumi, dont les sièges sociaux sont àKobe, s'est mobilisé pour aider les victimes du désastre (en fournissant même un hélicoptère), et ceci a été largement rapporté par les médias, ce qui contraste avec l'intervention beaucoup plus lente du gouvernement japonais. Pour cette raison, beaucoup de yakuza estime que leur racket est une sorte d'impôt féodal légitime.


Les yakuza ont une influence forte dans la lutte professionnelle japonaise. Ils sont considérés comme étant des grands défenseurs de ce sport, mais leur intérêt reste en grande partie financier. Les lieux où se déroulent les combats de luttes (des arènes, des stades) leur appartiennent souvent, ils touchent ainsi un pourcentage sur les entrées. Il est courant que les lutteurs reçoivent des instructions spécifiques concernant le déroulement de leurs matchs, comme faire juste appel aux yakuza de la foule. Le pionnier de la lutte au Japon, Rikidozan, a été tué par un yakuza.


Les yakuza ont également des liens avec les marchés financiers et aux opérations immobilières, par l’intermédiaire des jiageya. En effet, le droit immobilier japonais rend très difficile l'expulsion des locataires et les expropriations. Les jiageya sont des bandes spécialisées dans l’intimidation, qui revendent aux compagnies voulant effectuer des projets de développement beaucoup plus grands.

L'activité criminelle la plus lucrative des groupes violents reste néanmoins le trafic de drogue (des amphétamines, notamment), assurant 35 % de leurs revenus devant le racket, (20 %) et la prostitution (13 %). Ils organisent aussi l'offre de travailleurs journaliers pour la construction et les docks et gèrent des circuits d’immigration clandestine, qui les fournissent aussi en prostituées asiatiques.

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